Susan Philipsz, The River Cycle III, passerelle flottante sous le Pont du Mont-Blanc. Photo © Emmanuelle Bayart / Arta Sperto

Susan Philipsz

The River Cycle III

2010, installation sonore

Susan Philipsz (GB, 1965, basée à Berlin) explore le potentiel psychologique et sculptural du son. Elle utilise le son et la musique pour modifier ou mettre en valeur les qualités sonores d’un contexte architectural ou urbain, tout en proposant une nouvelle lecture des musiques choisies – des ballades du XVIe siècle, des airs folkloriques irlandais, des chansons pop ou rock – et des références historiques ou narratives qu’elles convoquent. Chaque « version » d’une œuvre est unique puisqu’elle « résonne » spécifique- ment dans un contexte, toutefois les intrigues et les références sont reconnaissables, explorant les thèmes familiers de la perte, de la nostalgie, de l’espoir ou du retour. Elle présente souvent ses œuvres dans l’espace public et elle est notamment très intéressée par les situations sous des ponts, pour leurs caractéristiques sonores très particulières.

Après avoir considéré plusieurs situations de ponts sur le Rhône, Susan Philipsz a choisi de présenter The River Cycle III sur la passerelle flottante située sous le Pont du Mont-Blanc. Elle a particulièrement apprécié les qualités physiques, sonores et symboliques de ce site. Dans The River Cycle III, elle chante a capella des extraits des paroles de Pyramid Song (2001) du groupe de rock anglais Radiohead. L’absence d’accompagnement musical expose la qualité non entraînée de sa voix, ce qui confère à l’œuvre un sentiment d’intimité inattendu. La chanson évoque l’histoire d’une noyade racontée à la première personne. Susan Philipsz a été attirée par ce morceau « pour ses paroles fantastiques qui transmettent un sentiment de paix solennelle ». Les paroles sont les suivantes :
I jumped in the river and what did I see?
Black-eyed angels swam with me
A moon full of stars and astral cars
All the figures I used to see
All my lovers were there with me
All my past and futures
And we all went to heaven in a little row boat
There was nothing to fear and nothing to doubt

Les paroles font notamment référence aux plans d’eau comme sites de transition, ce qui fait métaphoriquement écho au passage du lac au fleuve, du Léman au Rhône.

Vidéo © Stéphane Darioly