Carole Douillard & Babette Mangolte, Idir, 2018, stills © 2024, ProLitteris, Zurich

Carole Douillard, Babette Mangolte

Idir

2018, 30’02’’, vidéo 16:9 couleur, son
Première projection en Suisse

Artiste plasticienne et performeuse, Carole Douillard utilise sa présence ou celle d’interprètes comme sculpture pour des interventions minimales dans l’espace d’exposition. Se situant au bord du spectaculaire tout en prenant soin de l’éviter, son travail appelle une redéfinition du spectateur, de l’espace de la performance et de la relation qui s’instaure entre l’objet contemplé et celui, celle, qui le contemple.


Idir rend hommage à la performance historique de Bruce Nauman, Walking in an Exaggerated Manner Around the Perimeter of a Square (1967), en la transposant et en l’adaptant au contexte de l’espace public à Alger. Le film met en jeu une situation liée à la fois à l’histoire de la performance, à son archive filmique et à l’espace urbain d’Alger. Après s’être intéressée aux gestes propres de ces hommes «improductifs» et sans emploi–les «hittistes» que l’on voit adossés aux murs dans les rues d’Alger (performance The Waiting Room, 2014)–Carole Douillard met en scène Idir, un jeune Algérien qui réincarne quelques cinquante ans plus tard le déhanchement délié qu’exécute Bruce Nauman dans le cadre intime de son studio de San Francisco en 1967.

À Alger, la performance évoque la condition d’enfermement du protagoniste, qui, ne voulant pas faire son service militaire, ne peut pas quitter le pays car il serait considéré comme déserteur et ne pourrait pas y revenir. Le tournage de la performance est réalisé par la cinéaste et photographe Babette Mangolte, œil mythique de la performance new-yorkaise des années 1970, quelques mois seulement avant les rassemblements de 2019 menant à la démission du président Bouteflika.
Le film se déroule dans trois sites emblématiques de la ville : Bab El Oued, Les Sablettes et Diar Es Saâda. Il permet aussi d’observer que dans l’espace public algérien, les corps masculins et féminins adoptent des codes de genre spécifiques, les femmes le traversent, les hommes l’occupent et y forment des groupes statiques. La marche solitaire et lente d’Idir révèle le regard et l’attitude des passants observant l’action du jeune homme qui déroge aux codes habituels de son genre.

Distribution

Le film a bénéficié du soutien à la production de la Fondation des Artistes, des Instituts français de Paris et d’Alger, de la Région Pays de la Loire et de la Drac Pays de la Loire.
Idir fait partie des collections du Carré d’Art, Nîmes et de la fondation Kadist, Paris & San Francisco